Moisson d’été Deux salles, deux ambiances
Historiquement précoce, la moisson d’été a déçu au Sud et s’est révélée plutôt de bonne facture au nord de la Loire, au regard des conditions climatiques adverses du printemps. Mais elle cache de fortes disparités en rendement comme en qualité.Par Renaud Fourreaux
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D’un point de vue logistique, au vu de la belle fenêtre météo estivale, les moissons, historiquement précoces, se sont déroulées de façon optimale. Elles sont néanmoins caractérisées par une grande hétérogénéité dans les rendements due à une succession d’évènements climatiques pénalisants (sécheresse, fortes chaleurs, épisodes de gel et de grêle). Par exemple, chez Axéréal, ils oscillent selon les zones entre 65 et 85 q/ha en orge, 40 et 100 q/ha en blé tendre, et 50 et 85 q/ha en blé dur.
« Un gradient allant du sud vers le nord se dessine, avec des rendements qui déçoivent fortement au sud de la Loire, détaille Michel Portier, DG d’Agritel. Les pluies tardives du mois de juin ont sauvé la situation dans les régions situées au nord de la Loire. » En effet, le grand quart Nord-Ouest affiche des rendements proches ou supérieurs à la moyenne quinquennale, ce qui limite la casse en blé tendre. C’est plus compliqué en blé dur, où les surfaces sont encore à la baisse, et en orge de printemps, culture qui a particulièrement souffert. « Les orges de printemps Planet semées à l’automne sont fabuleuses, mais celles semées après le 15 février, malgré de très bons calibrages, sont très moyennes en rendement, relate Frédéric Ozanne, DG de la coopérative de Boisseaux. La moyenne est donc moyenne. »
Protéines un peu faibles
Si les conditions climatiques du printemps ont altéré le potentiel de rendement de la plupart des cultures, elles ont, en contrepartie, limité la pression parasitaire. La qualité sanitaire est ainsi jugée « excellente » chez Axéréal, où « il n’y a pas de problèmes de mycotoxines ni d’ergot », précise Vincent Graffin, directeur collecte et mise en marché.
Quant à la qualité technologique des blés, elle semble adaptée aux attentes des clients ; « les critères qualitatifs sont bons dans l’ensemble », relève Agritel. Les temps de chute de Hagberg ne posent en général aucun problème, excepté localement. Les teneurs en eau à la récolte sont plus basses qu’à l’accoutumée sur l’ensemble du territoire, ce qui constitue un atout pour la conservation du grain. Les teneurs en protéines sont élevées à très élevées au sud du pays, jusqu’en région Centre, où Axéréal rapporte une moyenne de 11,9 %, mais elles sont « très hétérogènes » et « autour de 11 % en moyenne » au Nord, selon FranceAgriMer et Arvalis. « Cela nécessitera davantage de travail d’homogénéisation des lots », insiste Michel Portier. Cette certaine faiblesse des taux de protéines peut avoir plusieurs origines : meilleurs rendements qu’attendu, efficacité des engrais mise à mal par le manque de pluie, réduction des doses en raison des prix record de l’azote, voire impasses liées à la sécheresse du printemps.
Des PS pas excessifs
Les poids spécifiques sont généralement corrects, bons à très bons dans le tiers nord de la France, mais variables et parfois un peu justes comme en Poitou-Charentes (lire encadré) ou en Bourgogne. « La qualité, qui aurait pu être exceptionnelle, a été entachée par les phénomènes météorologiques des mois de mai et juin, témoigne-t-on chez Bourgogne du Sud. Cela se ressent au niveau des poids spécifiques plus faibles que les années précédentes. Le travail de nettoyage en silo prendra encore une fois tout son sens. » Chez Dijon céréales, la qualité est au rendez-vous avec un bon taux de protéines (12,3 %) et un PS correct (76,9 kg/hl), même si un travail du grain est nécessaire.
Cette insuffisance dans certains secteurs en protéines ou en PS fait que seuls 52 % des blés sont classés Supérieur à Premium de la grille Intercéréales, selon les résultats partiels au 16 août de l’enquête qualité collecteurs de FranceAgriMer.
Colza : des records locaux
La vraie bonne surprise vient du colza, culture pour laquelle le rendement moyen national atteint les 36 q/ha avec des records locaux, hormis dans le quart Sud-Ouest. Chez Axéréal, on affiche une moyenne proche de 40 q/ha, chez Bourgogne du Sud, « on avoisine les 38-39 q/ha, ce qui permet de dépasser le prévisionnel de récolte établi de 10 % », et on va jusqu’à 47 q/ha à la coopérative de Boisseaux où les rendements et les taux d’huile sont globalement record. Les taux d’humidité sont particulièrement bas, souvent inférieurs à 5 ou 6 %, et le taux d’huile moyen ressort à 44,5 %, au-dessus de la moyenne quinquennale (43,2 %). Bref, un très bon cru qui vient valoriser la reprise des surfaces.
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